mercredi 31 mars 2010

La rumeur Bruni-Sarkozy, un cas d'école sur la rumeur électronique

- 28 février 2010: La rumeur Twitter

La rumeur est parti de Twitter le 28 février 2010 avec le délicat tag de #Sarkococu, selon streetpress.com.

« Carla Bruni couche avec Biolay #rumeur #Sarkococu ». 71 tweets avec les mots « Carla » et Biolay » ont été postés sur le site de micro-blogging le week-end des 27 et 28 février 2010. 73 tweets rien que pour la journée du lundi 1er mars 2010 à 21h. Contre seulement 17 messages vendredi 26.

Selon streetpress.com, parmi les tweets qui causent de Benjamin et Carla, un petit lot de journalistes et de petits responsables politiques. Aude Baron (@audebaron), en charge du web au Post.fr, retweete cash: "radio potin bonjour RT @bonfil: on me souffle la rumeur Benjamin Biolay se tape Carla Bruni et Sarkozy serait avec Chantal Jouanno".

« "Hein ? Je ne savais pas que je risquais quelque chose », répond Aude Baron, quand streetpress.com l’appelle lundi à 17h. « Et puis j’ai tweeté ça en 2 secondes à midi. Quand on tweet on ne réfléchit pas ».

- Samedi 6 mars 2010: 25e Victoires de la musique

Samedi 6 mars 2010, 25e Victoires de la musique, Benjamin Biolay "Album de l'année" et "Interprête de l'année". Les tweets repartent sur Twitter.

Johan Hufnagel (a dirigé la rédaction de Libération et de 20minutes de 2006 à 2008. Il a été mis à pied le 12 août 2008, sans motif très clair selon un article de Rue89. Il est un des fondateurs de Slate.fr. v) tweet second degré : "Benjamin Biolay c’est bien le mec qui…" (2:17 PM Mar 6th), puis "Il est pistonne non Benjamin ? #vicmusic#" (2:27 PM Mar 6th).

Lundi, 17h15, streetpress.com appelle Johan Hufnagel :
- Allô Johan, alors tu propages la rumeur ?
- Qu’est-ce que j’ai écrit ? « Benjamin Biolay c’est bien le mec qui … » Et alors?
- Et ben, quand même…
- Non, les gens qui font un lien sont au courant d’une rumeur qui circule sur les réseaux depuis quelques semaines. Moi je n’ai aucune info et n’en donne aucune. C’est juste une vanne…

Dimanche 7 mars 2010: Les blogs et le Web 2.0

Avec distance, le journaliste Arnauld Champrenier-Trigano (Ancien vice-président de l'UNEF et directeur du magazine TOC) lâche sur son blog le premier post, Biolay, Bruni et Sarkozy: « Elle court, elle court, la maladie d’amour, elle pue, elle pue la rumeur du jour. C’est le refrain qui pourrait être fredonné à l’unisson dans les rédactions parisiennes ».

Arnauld Champremier-Trigano, dont le blog a vu son audience grimper de +1.000%, se justifie: « Ce n’est pas dans mes habitudes de faire ça, mais comme Sarkozy met en avant sa vie privée, c’est normal de relayer les rumeurs qui se disent. C’est de la transparence par rapport à ce qui se dit dans les rédactions parisiennes, même si c’est un bruit de chiottes.» Avant d’ajouter « Je ne ferais pas la même chose avec François Fillon, mais Sarkozy lui, il s’expose volontairement. »

Mais la brève « Carla Bruni avec Benjamin Biolay – Nicolas Sarkozy avec Chantal Jouanno ?? », sur Suchablog (Lundi 8 mars 2010, 1:00), entre un post sur la nouvelle « Citroën Survolt concept au salon de Genève » et « les plus belles fesses du monde » commence le cycle infernal des citations non sourcées, comme pour la une d’Agoravox.

- Lundi 8 mars 2010: le JDD

Lundi 8 mars 2010, "Miklo7", un internaute anonyme publie un post sur le site de blogging du "JDD" reprenant la rumeur Twitter sur la vie privée du couple présidentiel. Un peu plus tard, lejdd.fr reconnaîtra qu'il s'agit d'un des jeunes "buzzers" du site, qui poste le message de chez lui.

- Mardi 9 mars 2010, le post sur JDD.fr fait le tour de la Toile

Le lendemain, mardi 9 mars 2010, en fin d’après midi, la direction du JDD, découvre le post et fait immédiatement retirer ce texte.

La presse étrangère a déjà repris "l’information", notamment le journal britannique "The Sun" citant parmi ses sources "le prestigieux Journal du Dimanche". L’"Indian Times", le quotidien le plus lu du monde, met même la nouvelle à la Une, avec photographie de Chantal Jouanno, sourçant le JDD. C'est un déferlement pendant 48 heures sur toute la planète.

La presse française et les sites français ne s'engouffrent pas dans la brèche, sauf le site le Post.fr, mais lui aussi par le biais d'un "contributeur" blogueur.

Nicolas et Carla Sarkozy font connaître leur indignation aux responsables du "JDD" et du groupe Lagardère (qui contrôle le titre). Coups de fils, demande d’explication et d’enquête pour trouver les "coupables". En pleine campagne des régionales, l’ "affaire" mobilise toute l’énergie de la garde rapprochée présidentielle.

Olivier Jay, le directeur de la rédaction du "JDD", envoie une lettre d’excuse au président de la République. Pendant dix jours, avec des dirigeants de Lagardère, il tentera d’identifier l’auteur du blog incriminé. En vain.

Le directeur des opérations de Newsweb, filiale de Lagardère Active, qui gère les plate-formes internet du groupe ("JDD", "Paris Match" ou Europe 1), assure que le blogueur est un anonyme hébergé par le site. Impossible de retrouver sa trace.

Comme aux sombres heures de l’affaire Clearstream, les proches de Nicolas Sarkozy, notamment le conseiller Pierre Charon et l’avocat du président, Thierry Herzog, s’activent pour demander au journal d’agir en justice.

- Mercredi 10 mars 2010: Démenti de Carla Bruni et premières critiques sur les blogs

L'affaire se dégonfle un peu dès le mercredi 10 mars 2010, quand Carla Bruni qui a donné un interview le vendredi 5 mars à la chaîne Sky News, crie son amour à celui qui partage sa vie depuis décembre 2007 et répond, sans langue de bois, aux questions sur sa vie privée à la journaliste. Grâce à cette diffusion, les sites français, dont purepeople, peuvent reprendre ces rumeurs pour les désamorcer.

- Vendredi 12 mars 2010, l'agacement de Nicolas Sarkozy

Le vendredi 12 mars 2010, Nicolas Sarkozy est très agacé d'être interrogé par un journaliste du Monde lors d'une conférence de presse à Londres et déclare qu'il "n'a pas une seconde, pas une demi-seconde à perdre avec ces élucubrations", et Chantal Jouanno , mise en cause dans ces rumeurs, qualifie celles-ci d'ignobles, "parce qu'elles portent atteinte non seulement à mon honneur mais aussi à celui de ma famille".

Et la secrétaire d'État chargée de l'Écologie n'est pas la seule à avoir pris la parole pour enrayer cette affaire qui plonge le célèbre titre français dans l'embarras.

- Samedi 13 mars 2010: Retour en France

Le samedi 13 mars 2010, le magazine Closer fait sa Une sur ce sujet en reprenant précisement le chemin de la rumeur, de Twitter au blog et le site du jdd.fr.

Olivier Jay, directeur de la rédaction du JDD, envoie une lettre d'excuses au Président et décide, selon Rue89, de contacter le directeur de la communication de Nicolas Sarkozy, Frank Louvrier, afin de lui faire part de sa situation délicate. "Le fait que ça ait été sourcé du journal du Dimanche dans le monde entier nous mettait dans une situation délicate", a-t-il dit.

- Dimanche 21 mars 2010: La reconnaissance du JDD

Le dimanche 21 mars 2010, jour du deuxième tour des régionales, une issue se dégage : le directeur du site internet, réalisant l’ampleur donnée en haut lieu à ce dérapage journalistique, finit par reconnaître que le blog a été posté depuis son domicile… par un membre de son équipe.

Ce collaborateur, non journaliste, avait pour mission de "faire du buzz" : en clair, d’attirer les internautes avec des infos à sensation, un pari réussi au delà de toutes les espérances.

Après s’être dénoncés, les deux salariés n’ont d’autre choix que de démissionner. Leur départ sera entériné quelques jours plus tard par un communiqué dans lequel la direction du "JDD" "exprime ses regrets au couple présidentiel" une nouvelle fois.

- Lundi 22 mars 2010, deux démissions aux JDD

Lundi 22 mars 2010, Michael Amand, le directeur général des opérations de Newsweb, filiale de Lagardère active, qui édite entre autres lejdd.fr, donne sa démission, accompagnée de celle de l'employé au service marketing, véritable auteur du blog polémique, dont l'identité avait été masquée les premiers jours suivant cette affaire.

- Jeudi 25 mars 2010, communiqué du site internet du JDD

"Dans la nuit du 9 mars 2010, un billet sous pseudonyme a été publié sur un blog hébergé par le JDD.fr relayant des rumeurs relatives au couple présidentiel. Ces rumeurs ont été reprises par une partie de la presse internationale, qui les a accréditées en en attribuant inexactement la paternité au JDD. Nous avons cherché à identifier et comprendre l'origine de ce dysfonctionnement.

Le 21 mars 2010, le Directeur Général des opérations de la société Newsweb, filiale de Lagardère Active et prestataire de services du JDD.fr, a reconnu qu'un de ses collaborateurs non journaliste était l'auteur du blog. La démission de l'un et de l'autre ont été acceptées.

Le JDD étudie toutes les suites à donner à cette affaire, afin d'obtenir réparation du préjudice causé à sa crédibilité et à celle de tous ses journalistes. Nous exprimons nos regrets au couple présidentiel et présentons nos excuses à nos internautes."


- 2 avril 2010: La société éditrice du Journal du dimanche (JDD), porte plainte.

L’avocat du JDD a déposé plainte contre X pour "introduction frauduleuses de données dans un système informatique". (rue89.com)

Le blog, dit la plainte, a été posté "en fraude des procédures habituelles, ce qui affecte la crédibilité de la société et lui cause un préjudice important de réputation". L’enquête préliminaire «sera menée par la police judiciaire», selon les services du procureur de la République Jean-Claude Marin.

Selon le nouvelobs.com, le président Sarkozy aurait incité le JDD à porter plainte pour permettre l'ouverture d'une enquête préliminaire et des investigations policières.

Pour sa part, Benjamin Biolay fait savoir qu'il attaquera les médias qui auraient relayé ces "rumeurs stupéfiantes", rapporte Le Parisien. Parmi les contenus visés, selon le quotidien, une revue de presse de France 24.

Références

- Des hackers de la police sur la piste de la rumeur, Le Monde, 3 avril 2010

- Rumeur sur le couple Sarkozy: plainte du JDD?, lepost.fr, 3 avril 2010

- Rumeur sur le couple Sarkozy : poussé par l’Elysée, le JDD porte plainte, nouvelobs.com, 3 avril 2010

- Rumeurs sur le couple Sarkozy-Bruni: le JDD porte plainte, Libération, 3 avril 2010

- Rumeur sur le couple Sarkozy : poussé par l'Elysée, le JDD porte plainte, rue89.com, 2 avril 2009

- Nicolas Sarkozy et Carla Bruni : Suite aux rumeurs à leur sujet... les têtes tombent ! Deux de chute..., Purepeople.com, 26 mars 2010

- Biolay-Bruni : 140 signes sur Twitter qui pourraient coûter cher à leurs auteurs, streetpress.com, 8 mars 2010

- Carla Bruni avec Benjamin Biolay – Nicolas Sarkozy avec Chantal Jouanno ??, suchablog.com, 8 mars 2010

- Jouanno: "Twitter a fait beaucoup de mal à cette campagne", lepost.fr, 22 mars 2010

jeudi 25 mars 2010

L'affaire Zemmour

«Les Français issus de l'immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes… C'est un fait», Eric Zemmour, Canal+

Le CSA a sanctionné Canal+ en lui adressant une mise en demeure pour ces propos alors que la Licra a annoncé qu'elle comptait poursuivre en justice le journaliste. La Licra a porté plainte contre Eric Zemmour.

Par ailleurs, Eric Zemmour a appris qu'il aurait un entretien préalable à un licenciement lundi 29 mars 2010 au Figaro. Etienne Mougeotte, directeur de la rédaction du quotidien, a expliqué que cette convocation était liée à ses propos sur Canal +.

Philippe Bilger, avocat général à la cour d'appel de Paris, a rédigé une note sur son blog pour défendre Eric Zemmour. Il a depuis été convoqué à la Chancellerie.

Rue89 a cherché à savoir si des chiffres existaient pour valider ou non les propos du journaliste du Figaro. les statistiques ethniques sont interdites en France, mais des chiffres sur ce sujet ultra-sensible existent

Références

- Affaire Zemmour : Bilger convoqué par le procureur général, Le Monde, 25 mars 2010

- "Le Figaro" annule l'entretien préalable au licenciement d'Eric Zemmour, Le Monde, 25 mars 2010

- On ne voit que ce qu'on regarde, Maitre Eolas, 25 mars 2010

- Zemmour a-t-il le droit d'avoir tort ? , Martin Vidberg, 25 mars 2010

- "Le Figaro" ne devrait pas licencier Eric Zemmour, Le Monde, 24 mars 2010

- Eric Zemmour pouvait-il avoir raison ?, slate.fr, 24 mars 2010

- Eric Zemmour: ne l'abattons pas, débattons (Titiou Lecoq), slate.fr, 24 mars 2010

- Il faut sauver le soldat Zemmour, rue89, 24 mars 2010

- Il ne fait pas bon défendre Eric Zemmour à la rédaction de Slate.fr, 24 mars 2010

- Les chroniqueurs Stéphane Guillon et Eric Zemmour, accusés de dérapage, embarrassent leurs directions, Le Monde, 24 mars 2010

- Le CSA sanctionne Canal+ après les propos de Zemmour, Le Monde, 23 mars 2010

- Zemmour viré du Figaro ? Dans ses propos, l'inconscient colonial, slate.fr, 23 mars 2010

- Noirs, Arabes et délinquance : retour sur la provoc de Zemmour, rue89, 19 mars 2010

- Criminalité: L'origine des délinquants, L'Express, 7 février 2006

- L'enquête de Fabien Jobard et René Lévy sur les contrôles au facies, Open Society Institute, 2009

- Polémique sur le fichage selon la couleur de peau, Le Figaro, 5 décembre 2008

dimanche 7 mars 2010

Alain Touraine: La fin du social

Conférences des Ernest, École normale supérieure, 13 février 2010


Alain Touraine - Sortir de la crise. Les Ernest
envoyé par les_ernest. - L'info video en direct.

Voir aussi

Penser autrement, Ce soir ou jamais, novembre 2007


CSOJ - Diviser pour mieux entreprendre ? - Alain Touraine
envoyé par PolEtTique. - L'info internationale vidéo.

France Inter, 27 juin 2008 autour de ''Si la France veut des idées...''


Alain Touraine - France Inter
envoyé par franceinter. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

samedi 6 mars 2010

Frédéric Taddéi, fan de Marc-Edouard Nabe

1992: Déjà fan


JARDIN RENIE NABE 88 - 92
envoyé par DURESOUDURE. - L'info internationale vidéo.

1999: Taddéï présente le "Journal Intime" de Nabedans l'émission de Bonaldi sur Canal + avec Alix de Saint André et Fontanel. 1999


Nabe par Taddei sur Canal +
envoyé par mugiwaraDluffy.

2006: Zidane la racaille


Marc Edouard Nabe, Zidane la racaille
envoyé par Raed. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

Janvier 2009 - Avec Benoît Poelvoorde

Le 12 janvier 2009, Marc-Édouard Nabe était l'invité de Frédéric Taddeï, à la demande de Benoît Poelvoorde.


Marc-Edouard Nabe, chez Frédéric Taddei
envoyé par zozolexxx. - Regardez les vidéos des stars du web.

2009: Marc Edouard Nabe chez Taddei sur l'Iran - PART 1


Marc Edouard Nabe chez Taddei PART 1
envoyé par ServiteurDeDieu4714. - L'info internationale vidéo.

2009: Marc Edouard Nabe chez Taddei sur l'Iran - PART 4


Marc Edouard Nabe chez Taddei PART 4
envoyé par ServiteurDeDieu4714. - L'info internationale vidéo.

Le 2 novembre 2009 Frédéric Taddéi invite Marc-Edouard Nabe à Ce soir (ou jamais !) sur le thème "il ya trente ans, Mesrine abattu".


Marc-Edouard Nabe : il ya trente ans, Mesrine abattu
envoyé par hitsohl. - L'actualité du moment en vidéo.

Que faire de Marc-Edouard Nabe ?

Voir aussi:

- Site web
- Twitter @marcedouardnabe

Nabe chez F-O Giesbert 1/2 (Février 2010)


Nabe face à Giesbert 1/2
envoyé par prince_de_conde. - L'actualité du moment en vidéo.

Nabe chez F-O Giesbert 2/2 (Février 2010)


Nabe face à Giesbert 2/2
envoyé par prince_de_conde. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

2006 - Eric Naulleau défend l'écrivain Marc-Edouard Nabe

Extrait de l'émission "Ca balance à Paris" diffusée sur Paris Première le 19 octobre 2006. Autour de Laurent Ruquier, Mazarine Pingeot et Pierre Lescure, Eric Naulleau défend l'écrivain Marc-Edouard Nabe.


Eric Naulleau défend Marc-Edouard Nabe
envoyé par prince_de_conde. - L'actualité du moment en vidéo.

Apostrophes 85 - Marc-Édouard Nabe 1/2

A la sortie de l'émission, Georges-Marc Benhamou le frappera.


Apostrophes 85 - Marc-Édouard Nabe 1/2
envoyé par gregwallace. - Films courts et animations.

Apostrophes 85 - Marc-Édouard Nabe 2/2


Apostrophes 85 - Marc-Édouard Nabe 2/2
envoyé par gregwallace. - Films courts et animations.

Marc-Edouard Nabe - Apostrophes 08.01.1988 - Marc Edouard NABE parle de son roman "Le bonheur"


Marc-Edouard Nabe - Apostrophes 2
envoyé par gregwallace. - Films courts et animations.

1998 - Paris Première. Rive Droite Rive Gauche. Thierry Ardisson reçoit Marc-Edouard Nabe pour son Roman "Je suis mort" (Gallimard).


Nabe et Ardisson en 1998
envoyé par DURESOUDURE. - Futurs lauréats du Sundance.

1998: MEN avec le Pr Choron


Marc-Edouard Nabe et le professeur Choron
envoyé par idpolitique2.

Avril 1995: Avec Jacky Berroyer sur Canal, à propos de "Lucette"


Nabe chez Berroyer en 1995
envoyé par miminel.

2003: Sur le 11 septembre et l'Irak - Chez Ardisson (Tout le monde en parle) avec Frédéric Beigbeder (2003)


TOUT LE MONDE EN PARLE: MARC EDOUARD NABE VS BEIGBEDER
envoyé par ToutLeMondeEnParlait. - L'info internationale vidéo.

jeudi 4 mars 2010

L'historien Jacques Marseille est mort

L'économiste et historien Jacques Marseille est mort jeudi matin à 64 ans des suites d'un cancer à son domicile à Paris, annonce son entourage.

Il enseignait à l'université de Paris-I et fut l'un des inspirateurs du programme présidentiel de Nicolas Sarkozy, en 2007.


«Quand la France est au fond du trou, elle rebondit», Interview du 8 avril 2006. Recueilli par Annette LEVY-WILLARD

Pour Jacques Marseille, professeur à la Sorbonne et historien des crises françaises, la France a toujours oscillé entre «compromis mous» et «ruptures», n'acceptant le changement que sous la pression de «guerres civiles». A l'occasion du conflit du CPE, il dénonçait la paralysie des institutions françaises, qu'il date de la révolution de 1789...

Historien des crises françaises, quel est votre diagnostic sur les derniers événements ?

Tout ce qui se passe en ce moment est vraiment le signe que cela va «péter», pour reprendre l'expression des Français dans les sondages. Et en France, on en sort toujours par le haut. Nous sommes au fond du trou. Mais quand la France est au fond du trou, elle rebondit.

Ces jeunes qui manifestent contre la précarité manifestent contre un symbole, l'étincelle qui fait exploser la guerre civile, comme toujours dans notre histoire. Faire passer le CPE dans une loi, de façon très autoritaire, a allumé l'étincelle.

On en revient toujours à ce mythe gauche-droite, Révolution française-grand capital. Même avant la Révolution, sous l'Ancien Régime, nous avons toujours détesté l'argent, l'entreprise, la richesse. Nous avons une forte tradition catholique et une forte tradition marxiste, et les deux diabolisent l'économie de marché : seuls 34 % des Français pensent que l'économie de marché et la libre entreprise sont des facteurs de progrès, contre 74 % des Chinois, 70 % des Indiens, 67 % des Britanniques... Les Français sont restés sur le mythe de l'Etat qui décide de tout : l'entreprise nationalisée, c'est merveilleux, le plan, formidable. Ce qui les rend d'ailleurs complètement schizophrènes, comme l'indique la consommation d'antidépresseurs, qui a flambé ces dix dernières années : les Français en sont les premiers consommateurs au monde.

Voilà donc un pays de grands déprimés.

Absolument. Je ne dis pas cependant que la France est dans le déclin. Car il y a une France qui fonctionne bien, des talents existent ­ mais ils partent à l'étranger ­, des entreprises sont performantes ­ mais elles font leurs profits à l'étranger. Et puis il y a une France profondément déprimée, qui rend ce pays aussi triste, aussi allergique à la réforme. Les Français sont tellement mal dans leur tête qu'il est impossible de dégager un consensus pour faire des changements. Ce pays pense que la mondialisation, c'est l'horreur absolue, et construit des lignes Maginot : il faut se protéger contre les fabricants de chaussettes chinoises, contre les prédateurs indiens... Autre mythe : la mondialisation nous ferait perdre des emplois. Faux. Les délocalisations ne représentent que 4 % des investissements français à l'extérieur. 96 % des implantations à l'étranger sont des décisions d'entreprises françaises pour conquérir les marchés extérieurs.

Ce qui nous a surtout plombés, c'est la Révolution française. Elle a conduit à une diabolisation idéologique du pays entre la gauche et la droite. Et l'obsession des révolutionnaires à établir une relation directe entre le citoyen et l'Etat fait qu'en France il n'y a pratiquement pas de syndicats. Arrêtons enfin de montrer une telle arrogance par rapport aux autres pays sous prétexte que nous avons connu la Révolution française. Les Américains ont eu leur révolution, et leur Constitution est un modèle de démocratie ­ nous, nous n'en avons pas eu moins de cinq. La Grande-Bretagne, qui est une monarchie, a connu le respect des libertés fondamentales dès 1215 avec la Grande Charte et l'habeas corpus. La Suède a expérimenté la transparence et une véritable démocratie dès le XVIIIe siècle. Alors, cessons de nous croire le phare et le génie du monde. Cela devient d'autant plus insupportable qu'aujourd'hui on en est plutôt la risée.

Et notre sacro-saint «modèle républicain» ?

Autre mythe. C'est pour cela qu'on ne parle jamais de la démocratie française. On dit la République, parce que cela ne veut rien dire.

Le «pays des droits de l'homme»?

C'est tout de même le pays qui a donné le droit de vote aux femmes vingt-cinq ans après les Turcs, qui a un très fort taux de corruption, une situation infamante de sa justice et de ses prisons. Quand un pays consacre moins d'euros à un étudiant (6 000) qu'à un collégien (7 110), à un lycéen (8 900), et 12 000 euros pour les élèves des classes préparatoires, où vont les enfants des élites, il est temps de montrer aux Français que leur prétendu modèle républicain ne produit que de l'injustice. Pour les ZEP par exemple, on donne 8 % de plus en moyens alors que les Pays-Bas en offrent 2,5 fois plus aux jeunes en difficulté. L'orientation professionnelle mène à des voies de garage, on fait de la filière professionnelle la voie de relégation de ceux qui ne sont pas capables de suivre les «bonnes» études.

L'avenir serait d'augmenter les dépenses pour la recherche, construire des équipements, encourager le développement économique, mais le gouvernement est à poil, il n'a plus de réserves. La dette aujourd'hui s'élève à 1 200 milliards d'euros et les experts de Bercy ont communiqué à Bruxelles qu'elle ne serait pas de 65,8 % du PIB, comme ils l'avaient annoncé, mais de 66,4 %. Sans commentaire dans la presse. Moi je calcule : 0,6 % du PIB en plus, cela fait combien ? 10 milliards d'euros. Soit deux fois le budget du ministère de la Justice, ou quatre fois le budget du ministère de la Culture, ou encore quatre fois le montant de l'impôt sur la fortune (ISF). L'enjeu de la guerre civile d'aujourd'hui serait d'affronter la crise. Ne plus faire croire aux Français que tout va bien, qu'on peut à la fois donner et ne pas percevoir. Mais notre classe politique n'a pas de courage.

Pourquoi nos politiques n'osent-ils jamais le changement ?

Ils sont vieux. Regardez aux Etats-Unis, Clinton fait ses huit ans, et puis il n'a plus de poids dans la vie politique américaine. Quand Blair finira son mandat on n'en parlera plus. Mais en France, prenez nos trois derniers présidents de la République : Giscard d'Estaing élu pour la première fois en 1956 : cinquante ans de vie politique. Mitterrand, cinquante ans de vie politique. Chirac n'en est qu'à quarante-trois ans, et son destin va s'arrêter l'année prochaine, ce qui est une bonne nouvelle, mais c'est hallucinant. Prenez les députés : près de 52 % sont fonctionnaires, qui retournent, sans risque, à leur corps antérieur quand ils sont battus. Dans tous les autres pays les députés doivent démissionner de la fonction publique. Pas en France. La moyenne de durée des mandats de députés français est de vingt ans ! Jospin va peut-être se représenter à 70 ans ! Comment voulez-vous que la classe politique, dont la seule ambition est de durer et dont le mandat est devenu un métier, ose le bouleversement de notre modèle et son adaptation au monde moderne ? L'esprit de la Ve République, c'est le président de la République élu au suffrage universel, qui s'adresse régulièrement au peuple par voie de référendum, et quand le peuple lui dit non, il s'en va. Cet esprit a été trahi par François Mitterrand en 1986 quand il a accepté la cohabitation.

Mitterrand aurait dû ­ comme de Gaulle ­ avoir le courage de partir au lieu de choisir l'immobilisme ?

Bien sûr. Ces cohabitations successives sont devenues le facteur d'impuissance majeure dans le monde moderne : la France s'enfonce dans le «ni-ni». Ni régime présidentiel ni régime parlementaire. Ni Etat ni entreprise. On ne sait pas très bien si l'Etat doit encore jouer un rôle économique ou non.

«Ni-ni», cela veut dire immobilisme. L'image qu'on donne de la France à l'étranger devient de plus en plus ridicule, miroir de notre Président : pathétique. On est dans une sorte de «guerre civile» depuis 1991-1992. Tous les pays ont entamé alors une véritable réforme : en Suède (1994), au Canada, en Nouvelle-Zélande, au Royaume-Uni, et même en Italie. Alors que la France s'enfonce dans l'immobilisme. Se paie les deux ans de fin de règne de François Mitterrand : tragique. 1995, l'élection de Jacques Chirac, la dissolution de 1997 : tragique. Lui aussi aurait dû partir.

Et depuis 2002, c'est la Berezina.

Le sondage publié par l'Expansion pour la prochaine présidentielle est édifiant : en additionnant les intentions de vote pour Besancenot, Arlette Laguiller, Fabius et Buffet, cela fait 18 % des voix, ajoutez les 16 % prévus pour Le Pen et les 3 % pour Villiers, et vous avez en gros 40 % de votes de Français «inutiles» parce qu'ils ne sont pas dans le jeu normal de la démocratie. Ils la polluent parce que l'extrême droite comme l'extrême gauche ne sont pas des partis de gouvernement, ils ont des programmes protestataires non applicables. Plus 20 % qui s'abstiennent. En gros, il y a 40 % de Français «utiles» dont la moitié votera pour la droite et la moitié pour la gauche. Finalement, vous gouvernez un pays avec 20 % des gens qui vous soutiennent. Vous en mécontentez 80 %, donc la rue, la crise...

Et ce que vous appelez la «guerre civile»...

Oui, une «guerre» qui oppose deux France. Et dans notre histoire, c'est la France qui incarne l'avenir qui l'emporte. Exemple, la Commune. D'un côté vous avez la France qui accepte la défaite face à la Prusse et qui s'appuie sur une paysannerie très conservatrice pour prôner un immobilisme social. De l'autre la France très minoritaire des communards. Eux ne veulent pas accepter la défaite. Ce sont des patriotes, ils veulent se battre et ils veulent un programme social. La guerre civile de la Commune débouche sur la victoire de la France archaïque. Pendant soixante-dix ans la France va décrocher ­ on passe de 15 % du commerce mondial à 3,5 %. Ce pays va être capable de construire des tranchées mais il va refuser les blindés. Face à l'Allemagne qui devient une menace, il va jouer les héritiers des versaillais, Léon Blum parle de «lâche soulagement» au lendemain des accords de Munich. Qui va réaliser le programme des communards ? Charles de Gaulle, seul, en 1940, qui dit «je refuse la défaite». La guerre civile, c'est l'incapacité à formuler des diagnostics partagés. Personne ne peut imaginer en France une coalition comme en Allemagne d'alliance de la droite et de la gauche. Dans des pays normaux, ce n'est pas l'Etat qui décide du contrat de travail, c'est la négociation entre les représentants du patronat et les syndicats.

Nous avons une productivité horaire très élevée, mais très peu de Français travaillent : 34 % des 55-64 ans alors qu'en Suède ils sont 50 à 60 %. On méprise les services ­ hôtellerie, restauration, commerce ­ alors qu'il manque 3 millions d'emplois dans ces secteurs. Mais quand le chef du gouvernement ­ et la presse ­ répète que 23 % des jeunes sont au chômage, on dit n'importe quoi : en réalité 23 % parmi les jeunes qui sont à la recherche d'un emploi n'en trouvent pas. Cela veut dire que les 77 % restants qui sont à la recherche d'un emploi en trouvent. La dernière étude du Centre d'études et de recherche sur l'emploi et les qualifications (Cereq) montre bien que, en 2001, 71 % des jeunes diplômés avaient un contrat à durée indéterminée trois ans après la fin de leurs études.

La situation n'est donc pas si mauvaise...

Je suis très optimiste. On est à la veille de grands choix. Le huitième de notre histoire après le choix de l'Etat contre les féodalités, celui de la tolérance religieuse contre le fanatisme, de l'ordre contre les privilèges, des institutions stables contre le désordre (Napoléon), le choix du marché contre le paupérisme (Napoléon III), celui de la résistance contre l'accommodement (de Gaulle), du grand large contre la nostalgie coloniale (encore de Gaulle), et le choix du courage contre l'égoïsme.

Ou la «révolution du bon sens», selon l'expression des Canadiens en 1994. En six mois ils ont eu un budget en équilibre. En Suède idem. Le bon sens, c'est qu'on ne peut pas continuer à s'endetter, qu'il est temps de se poser la question de notre système éducatif ­ par exemple supprimer le CNRS, l'ENA ­, des retraites, de choisir entre le système présidentiel et parlementaire.

Qui va avoir ce courage ? Le leader qui émerge n'est pas toujours celui auquel on s'attend : Henri IV n'était pas le plus probable, Louis XIV était un gamin, Napoléon un Corse moricaud, Louis Napoléon III considéré comme un crétin et de Gaulle comme un hurluberlu.

Spécialiste de l'histoire contemporaine, Jacques Marseille est un habitué des sujets qui font polémique. Après Empire colonial et capitalisme français, Histoire d'un divorce (Albin Michel, 1984), il interpelle ses concitoyens avec La France qui travaille trop. Eloge du jeune rentier (Albin Michel, 1989) et Lettre ouverte aux Français qui s'usent en travaillant et qui pourraient s'enrichir en dormant (Albin Michel 1992).

Son dernier livre, Du bon usage de la guerre civile en France (Editions Perrin) tombe comme un pavé au milieu des manifestations contre le CPE.