lundi 6 décembre 2010

Philosophie de l'information: Que penser de Wilileaks?

Référénces

- Avec Wikileaks, la surveillance change de camp, pat Jean-Marie Colombani, slate.fr, 5 décembre 2010

- Pourquoi j'aime Wikileaks, par Jack Shafer, slate.fr, 3 décembre 2010

- WikiLeaks' War on Secrecy: Truth's Consequences, By Massimo Calabresi, Time Magazine, Thursday, Dec. 02, 2010

dimanche 5 décembre 2010

lundi 15 novembre 2010

dimanche 31 octobre 2010

samedi 18 septembre 2010

Le lien entre culture et délinquance - L'ouvrage de Hugues Lagrange

Articles

- Le poids des origines ethniques et la délinquance, lexpress.fr, Par Julie Joly, publié le 14/09/2010

- Immigration, échec scolaire et délinquance - Un sociologue brise les tabous, France-Soir, Stéphanie Villeroy 14/09/10

- Wikipedia

Videos

- Un reportage de France 2 sur l'ouvrage du sociologue Hugues Lagrange "Le déni des cultures" qui établit un lien entre la culture d'origine et la délinquance. Le 16/11/2010


Le lien entre culture et délinquance
envoyé par johnjohn314. - L'info video en direct.

- LE 19H de Public Sénat, avec Gérard Longuet et Hugues Lagrange


LE 19H,Gérard Longuet et Hugues Lagrange
envoyé par publicsenat. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

mercredi 21 avril 2010

La politique de civilisation du PS

Le Parti socialiste veut inventer une "nouvelle civilisation" , Le Point, 21 avril 2010

Le PS poursuit son travail sur son "nouveau modèle économique, social et écologique" dans la perspective de la présidentielle 2012, avec la présentation, mercredi après-midi en Bureau national, du rapport de Pierre Moscovici qui prône "une nouvelle civilisation".

"Nous avons une nouvelle civilisation à inventer" face aux "fausses solutions des droites libérales et conservatrices", écrit l'ancien ministre, député du Doubs, dans son rapport disponible sur le site Internet du parti. Car "malgré les appels vibrants" de Nicolas Sarkozy "à moraliser le capitalisme, il conduit une politique brouillonne, injuste, inefficace, tantôt conservatrice, tantôt libérale, mais toujours de régression", poursuit-il.

Pour Moscovici, "il faut s'attaquer aux causes de la crise" et "seule" la gauche "peut porter une vision alternative". "À nous d'inventer, dès aujourd'hui, ce nouveau modèle économique, social et écologique", propose-t-il, souhaitant "conduire, avec les Français, une offensive de civilisation".

Dans les grandes lignes, les "clefs de ce nouveau modèle" sont notamment "la priorité au long terme plutôt que la tyrannie du court terme", "la justice plutôt que la captation des richesses par une minorité", "le bien-être plutôt que le tout avoir", "les biens publics et la solidarité plutôt que l'individualisme".

Parmi les très nombreuses propositions du rapport figure "la sécurité sociale professionnelle" pour "garantir la qualité du travail". Côté fiscalité, une "révolution fiscale" est plébiscitée avec la "fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG" en "un seul impôt progressif, prélevé à la source". Sur la politique industrielle, le PS propose un "pôle public d'investissement".

Des amendements au rapport de M. Moscovici devraient être adoptés lundi prochain lors d'un nouveau BN, puis par un Conseil national mardi, a indiqué à l'AFP le député socialiste. Après un vote des militants le 20 mai, le texte, un des socles du projet présidentiel du PS, doit être adopté lors d'une convention nationale le 29 mai.

D'autres conventions et "forums des idées" sont prévus en 2010 et 2011 sur "la société du respect" (éducation, temps de vie, lutte contre les inégalités) et "la démocratie citoyenne".

Références

- Le Parti socialiste veut inventer une "nouvelle civilisation" , Le Point, 21 avril 2010

Le programme fiscal du PS au banc d'essai

Le programme fiscal du PS au banc d'essai, lexpansion.com,20 avril 2010

La fiscalité sera l'un des enjeux majeurs de la présidentielle de 2012. Les socialistes ont déjà quelques idées sur le sujet. Deux économistes, Xavier Timbeau de l'OFCE et Nicolas Bouzou d'Asterès, passent au crible leurs principales proposition.

Le PS a-t-il raison de concevoir la politique fiscale comme un outil de réduction des inégalités ?

Xavier Timbeau. Oui, c'est même l'un des fondements de la fiscalité redistributive et progressive. Mais ce n'est pas le seul moyen et surtout ce n'est pas un moyen suffisant. La fiscalité peut corriger des symptômes mais pas le mal à la racine.

Nicolas Bouzou. Le PS a raison sur le constat : les inégalités n'ont cessé d'augmenter depuis des années en France, notamment en raison du progrès technique. Mais l'outil fiscal n'est pas le bon instrument pour les réduire. C'est une erreur d'analyse. Il faudrait plutôt mettre l'accent sur l'éducation et la formation.

Fusionner l'impôt sur le revenu et la CSG, pour créer un seul impôt, prélevé à la source et le rendre plus progressif en créant deux tranches supplémentaires d'imposition: est-ce une révolution fiscale que prône le PS?

Nicolas Bouzou. Oui, clairement. Il y a d'ailleurs un consensus des économistes pour dire que le système fiscal est trop complexe en France et que l'impôt sur le revenu n'est pas assez progressif. Fusionner l'impôt sur le revenu et la CSG aurait l'avantage d'élargir la base de l'assiette fiscale et de rendre l'impôt plus progressif. Cette mesure, qui vise une meilleure efficacité fiscale, est la bienvenue.

Xavier Timbeau. Effectivement, c'est une révolution. La progressivité est un vieux débat en France. Sur le papier, notre système de l'impôt sur le revenu est très progressif mais en réalité il ne l'est pas puisqu'il touche une part très faible des revenus en France. La fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG permettrait de rendre le système plus progressif. Elle permettrait également de faire disparaître un certain nombre de niches fiscales. Une autre révolution fiscale que propose le PS est d'invidualiser l'impôt sur le revenu. En France, le système est familial. C'est un élément essentiel de la redistribution. L'individualiser serait un véritable choc culturel.

Les socialistes veulent revenir sur les exonérations d'impôt des successions et entendent soumettre les successions les plus importantes à des droits plus élevés qu'aujourd'hui. Est-ce le contre-pied de la politique fiscale de Nicolas Sarkozy ?

Nicolas Bouzou. Oui, et ils ont raison. La baisse de l'impôt sur les successions n'a eu aucune efficacité économique. L'impôt sur les droits de succession est justifié car il permet de remettre les compteurs à zéro à chaque génération.

Xavier Timbeau. L'ISF et l'impôt sur le patrimoine sont en effet deux outils permettant de réduire les inégalités. Il est prouvé que le patrimoine transmis en héritage est l'un des déterminants majeurs des inégalités sur le long terme. En clair, les riches sont riches parce qu'ils ont hérité d'une fortune, mails ils ne l'ont pas mérité.

Le PS propose de moduler le taux de l'impôt sur les sociétés selon que les bénéfices seront réinvestis ou distribués. A qui cela va-t-il profiter, aux entreprises ou aux salariés ?

Nicolas Bouzou. L'idée est d'encourager les entreprises à distribuer plus de salaires et moins de dividendes à leurs actionnaires. C'est une mesure très audacieuse qui pourrait avoir des conséquences économiques majeures. Elle comporte cependant un risque : dans le contexte actuel de difficultés d'accès au financement bancaire, les entreprises ont besoin de renforcer leurs fonds propres. Cette mesure pourrait les en empêcher.

Xavier Timbeau. Cette proposition ne tient pas la route selon moi. D'abord, la distinction comptable entre la rémunération du capital et l'investissement est très complexe. Surtout, c'est la porte ouverte à l'évasion fiscale car cela inciterait les entreprises à transférer leurs bénéfices au Luxembourg en créant des holdings financières. C'est un projet douteux, peu solide.

Supprimer les exonérations de cotisations sociales sur les bas salaires, est-ce efficace économiquement ?

Nicolas Bouzou. Ces exonérations de charges sont une trappe à bas salaires et donc à l'origine des écarts exorbitants de rémunération dans une entreprise. Néanmoins, les supprimer sans contrepartie risque d'augmenter le chômage des salariés les moins qualifiés.

Xavier Timbeau. Si c'était la cas, le coût pour les entreprises serait énorme. Ce serait un désastre car cela augmenterait en effet fortement le chômage des personnes peu qualifiées. Cette proposition me semble invraisemblable. Les exonérations sont la contrepartie d'un niveau de Smic élevé, afin de maintenir le coût de la main d'oeuvre en France au niveau européen. Supprimer les exonérations sur les bas salaires ne peut se faire sans baisser le Smic. Or je ne pense pas que le PS ait cela en tête.

Le PS défend le principe d'une taxe Tobin sur les transactions financières internationales. Il veut aussi pérenniser le principe d'une taxe sur les bonus des banques et l'élargir aux produits financiers dérivés. Propositions réalistes ou démagogiques selon vous ?

Xavier Timbeau. Ces questions sont dans l'ère du temps mais c'est de la poudre aux yeux. Cela n'a aucun sens de taxer les bonus en France si les banques au Royaume-Uni ou en Allemagne ne sont pas taxées. Ce genre de décision unilatérale d'un pays n'a aucun sens.

Nicolas Bouzou. Effectivement, c'est complètement irréaliste. Taxer des produits financiers en France n'a pas de sens si ces produits ne sont pas taxés dans les autres pays.

Globalement, que pensez-vous du programme fiscal du PS ?

Nicolas Bouzou. Je trouve que les différences entre une fiscalité de droite et de gauche s'amenuisent. Ce que propose le PS reste raisonnable. Ils auraient pu se distinguer fortement de la droite en proposant la création d'une tranche très élevée de l'impôt sur le revenu.

Xavier Timbeau. Je trouve au contraire que c'est un programme en rupture avec la politique fiscale de Nicolas Sarkozy. C'est clairement une fiscalité de gauche, sans pour autant être excessive. C'est un programme clair et cohérent pour une fiscalité plus juste.

dimanche 18 avril 2010

lundi 12 avril 2010

samedi 3 avril 2010

Les Top Ten de Time Magazine

- Top Ten of Time Magazine

- Top 10 Scientific Discoveries

- Top 10 Medical Breakthroughs

Haïti: une université à rebâtir

L?Express, 2 avril 2010

Présente en Haïti depuis quinze ans, l'Agence universitaire de la francophonie (AUF) travaille aujourd'hui à la reconstruction du système universitaire haïtien, avec une certitude: rebâtir l'enseignement supérieur de l'île est primordial pour son redressement à long terme.

Plein cap sur l'avenir, quand le présent est loin d'être assuré. Voilà ce à quoi l'Agence universitaire de la francophonie (AUF) travaille depuis le mois de janvier, en essayant de reconstruire dès à présent le système universitaire haïtien. Déjà bien malade des maux traditionnels qui gangrènent l'éducation dans les pays pauvres - manque de personnel, sous-qualification des professeurs - l'enseignement supérieur de l'île a été quasiment réduit à néant par le séisme de janvier. L'Ecole normale supérieure d'Haïti a été durement touchée, l'Université d'Etat a été détruite, la faculté de linguistique s'est effondrée sur le recteur et plus de 300 étudiants.

Cours sous la tente

L'AUF, financée par des fonds publics, a donc mis en place toute une série de dispositifs pour redonner un accès au savoir aux étudiants haïtiens. Avec le soutien de nombreuses universités françaises, des cours en visioconférence ont ainsi été dispensés dès la semaine qui a suivi le séisme. Sous une tente, pour l'instant. Leur contenu était de circonstance: la tectonique des plaques. Mais l'action de l'AUF ne sarrête pas à ce soutien ponctuel. Elle travaille à la mise en place dune université virtuelle accessible aux étudiants haïtiens.

"Nous avons créé une délégation pour l'enseignement supérieur en Haïti, qui a pour but de coordonner l'aide que peuvent apporter les 278 universités francophones de notre réseau. L'objectif, c'est de créer un point d'entrée numérique à partir duquel les étudiants haïtiens auront accès à des cours", explique Jean-Marie Théodat, responsable de la délégation Caraïbes de l'AUF. Sur place, l'association travaille également à la mise en place de cours, qui devraient démarrer mi-avril. Pour les assurer, la Confédération des présidents d'universités, l'Agence inter-établissement de recherche pour le développement, ou encore le CNRS, tout comme de nombreuses facultés francophones étrangères, ont d'ores et déjà proposé de mettre à disposition certains de leurs enseignants.

Les jeunes, acteurs de la relève

Si ces actions sont entreprises dans l'urgence, l'objectif de l'AUF vise pourtant le long terme. "Nous voulons rebâtir lenseignement supérieur haïtien sur de nouvelles bases", affirme Jean-Marie Théodat. "La formation supérieure, c'est primordial pour l'avenir d'Haïti, pour que les jeunes deviennent des acteurs engagés dans la relève du pays. Il faut que le pays soit en mesure de former des élites, et de les garder."

L'ambition de l'AUF est d'ailleurs la création d'un vrai campus universitaire en Haïti. Dans cette optique, l'association avait créé l'Institut Aimé Césaire, une faculté de gestion ayant pour but de former les futurs cadres de l'île. Détruite en janvier, elle est aujourd'hui hébergée par l'université des Antilles-Guyane à Fort-de-France, en Martinique.

mercredi 31 mars 2010

La rumeur Bruni-Sarkozy, un cas d'école sur la rumeur électronique

- 28 février 2010: La rumeur Twitter

La rumeur est parti de Twitter le 28 février 2010 avec le délicat tag de #Sarkococu, selon streetpress.com.

« Carla Bruni couche avec Biolay #rumeur #Sarkococu ». 71 tweets avec les mots « Carla » et Biolay » ont été postés sur le site de micro-blogging le week-end des 27 et 28 février 2010. 73 tweets rien que pour la journée du lundi 1er mars 2010 à 21h. Contre seulement 17 messages vendredi 26.

Selon streetpress.com, parmi les tweets qui causent de Benjamin et Carla, un petit lot de journalistes et de petits responsables politiques. Aude Baron (@audebaron), en charge du web au Post.fr, retweete cash: "radio potin bonjour RT @bonfil: on me souffle la rumeur Benjamin Biolay se tape Carla Bruni et Sarkozy serait avec Chantal Jouanno".

« "Hein ? Je ne savais pas que je risquais quelque chose », répond Aude Baron, quand streetpress.com l’appelle lundi à 17h. « Et puis j’ai tweeté ça en 2 secondes à midi. Quand on tweet on ne réfléchit pas ».

- Samedi 6 mars 2010: 25e Victoires de la musique

Samedi 6 mars 2010, 25e Victoires de la musique, Benjamin Biolay "Album de l'année" et "Interprête de l'année". Les tweets repartent sur Twitter.

Johan Hufnagel (a dirigé la rédaction de Libération et de 20minutes de 2006 à 2008. Il a été mis à pied le 12 août 2008, sans motif très clair selon un article de Rue89. Il est un des fondateurs de Slate.fr. v) tweet second degré : "Benjamin Biolay c’est bien le mec qui…" (2:17 PM Mar 6th), puis "Il est pistonne non Benjamin ? #vicmusic#" (2:27 PM Mar 6th).

Lundi, 17h15, streetpress.com appelle Johan Hufnagel :
- Allô Johan, alors tu propages la rumeur ?
- Qu’est-ce que j’ai écrit ? « Benjamin Biolay c’est bien le mec qui … » Et alors?
- Et ben, quand même…
- Non, les gens qui font un lien sont au courant d’une rumeur qui circule sur les réseaux depuis quelques semaines. Moi je n’ai aucune info et n’en donne aucune. C’est juste une vanne…

Dimanche 7 mars 2010: Les blogs et le Web 2.0

Avec distance, le journaliste Arnauld Champrenier-Trigano (Ancien vice-président de l'UNEF et directeur du magazine TOC) lâche sur son blog le premier post, Biolay, Bruni et Sarkozy: « Elle court, elle court, la maladie d’amour, elle pue, elle pue la rumeur du jour. C’est le refrain qui pourrait être fredonné à l’unisson dans les rédactions parisiennes ».

Arnauld Champremier-Trigano, dont le blog a vu son audience grimper de +1.000%, se justifie: « Ce n’est pas dans mes habitudes de faire ça, mais comme Sarkozy met en avant sa vie privée, c’est normal de relayer les rumeurs qui se disent. C’est de la transparence par rapport à ce qui se dit dans les rédactions parisiennes, même si c’est un bruit de chiottes.» Avant d’ajouter « Je ne ferais pas la même chose avec François Fillon, mais Sarkozy lui, il s’expose volontairement. »

Mais la brève « Carla Bruni avec Benjamin Biolay – Nicolas Sarkozy avec Chantal Jouanno ?? », sur Suchablog (Lundi 8 mars 2010, 1:00), entre un post sur la nouvelle « Citroën Survolt concept au salon de Genève » et « les plus belles fesses du monde » commence le cycle infernal des citations non sourcées, comme pour la une d’Agoravox.

- Lundi 8 mars 2010: le JDD

Lundi 8 mars 2010, "Miklo7", un internaute anonyme publie un post sur le site de blogging du "JDD" reprenant la rumeur Twitter sur la vie privée du couple présidentiel. Un peu plus tard, lejdd.fr reconnaîtra qu'il s'agit d'un des jeunes "buzzers" du site, qui poste le message de chez lui.

- Mardi 9 mars 2010, le post sur JDD.fr fait le tour de la Toile

Le lendemain, mardi 9 mars 2010, en fin d’après midi, la direction du JDD, découvre le post et fait immédiatement retirer ce texte.

La presse étrangère a déjà repris "l’information", notamment le journal britannique "The Sun" citant parmi ses sources "le prestigieux Journal du Dimanche". L’"Indian Times", le quotidien le plus lu du monde, met même la nouvelle à la Une, avec photographie de Chantal Jouanno, sourçant le JDD. C'est un déferlement pendant 48 heures sur toute la planète.

La presse française et les sites français ne s'engouffrent pas dans la brèche, sauf le site le Post.fr, mais lui aussi par le biais d'un "contributeur" blogueur.

Nicolas et Carla Sarkozy font connaître leur indignation aux responsables du "JDD" et du groupe Lagardère (qui contrôle le titre). Coups de fils, demande d’explication et d’enquête pour trouver les "coupables". En pleine campagne des régionales, l’ "affaire" mobilise toute l’énergie de la garde rapprochée présidentielle.

Olivier Jay, le directeur de la rédaction du "JDD", envoie une lettre d’excuse au président de la République. Pendant dix jours, avec des dirigeants de Lagardère, il tentera d’identifier l’auteur du blog incriminé. En vain.

Le directeur des opérations de Newsweb, filiale de Lagardère Active, qui gère les plate-formes internet du groupe ("JDD", "Paris Match" ou Europe 1), assure que le blogueur est un anonyme hébergé par le site. Impossible de retrouver sa trace.

Comme aux sombres heures de l’affaire Clearstream, les proches de Nicolas Sarkozy, notamment le conseiller Pierre Charon et l’avocat du président, Thierry Herzog, s’activent pour demander au journal d’agir en justice.

- Mercredi 10 mars 2010: Démenti de Carla Bruni et premières critiques sur les blogs

L'affaire se dégonfle un peu dès le mercredi 10 mars 2010, quand Carla Bruni qui a donné un interview le vendredi 5 mars à la chaîne Sky News, crie son amour à celui qui partage sa vie depuis décembre 2007 et répond, sans langue de bois, aux questions sur sa vie privée à la journaliste. Grâce à cette diffusion, les sites français, dont purepeople, peuvent reprendre ces rumeurs pour les désamorcer.

- Vendredi 12 mars 2010, l'agacement de Nicolas Sarkozy

Le vendredi 12 mars 2010, Nicolas Sarkozy est très agacé d'être interrogé par un journaliste du Monde lors d'une conférence de presse à Londres et déclare qu'il "n'a pas une seconde, pas une demi-seconde à perdre avec ces élucubrations", et Chantal Jouanno , mise en cause dans ces rumeurs, qualifie celles-ci d'ignobles, "parce qu'elles portent atteinte non seulement à mon honneur mais aussi à celui de ma famille".

Et la secrétaire d'État chargée de l'Écologie n'est pas la seule à avoir pris la parole pour enrayer cette affaire qui plonge le célèbre titre français dans l'embarras.

- Samedi 13 mars 2010: Retour en France

Le samedi 13 mars 2010, le magazine Closer fait sa Une sur ce sujet en reprenant précisement le chemin de la rumeur, de Twitter au blog et le site du jdd.fr.

Olivier Jay, directeur de la rédaction du JDD, envoie une lettre d'excuses au Président et décide, selon Rue89, de contacter le directeur de la communication de Nicolas Sarkozy, Frank Louvrier, afin de lui faire part de sa situation délicate. "Le fait que ça ait été sourcé du journal du Dimanche dans le monde entier nous mettait dans une situation délicate", a-t-il dit.

- Dimanche 21 mars 2010: La reconnaissance du JDD

Le dimanche 21 mars 2010, jour du deuxième tour des régionales, une issue se dégage : le directeur du site internet, réalisant l’ampleur donnée en haut lieu à ce dérapage journalistique, finit par reconnaître que le blog a été posté depuis son domicile… par un membre de son équipe.

Ce collaborateur, non journaliste, avait pour mission de "faire du buzz" : en clair, d’attirer les internautes avec des infos à sensation, un pari réussi au delà de toutes les espérances.

Après s’être dénoncés, les deux salariés n’ont d’autre choix que de démissionner. Leur départ sera entériné quelques jours plus tard par un communiqué dans lequel la direction du "JDD" "exprime ses regrets au couple présidentiel" une nouvelle fois.

- Lundi 22 mars 2010, deux démissions aux JDD

Lundi 22 mars 2010, Michael Amand, le directeur général des opérations de Newsweb, filiale de Lagardère active, qui édite entre autres lejdd.fr, donne sa démission, accompagnée de celle de l'employé au service marketing, véritable auteur du blog polémique, dont l'identité avait été masquée les premiers jours suivant cette affaire.

- Jeudi 25 mars 2010, communiqué du site internet du JDD

"Dans la nuit du 9 mars 2010, un billet sous pseudonyme a été publié sur un blog hébergé par le JDD.fr relayant des rumeurs relatives au couple présidentiel. Ces rumeurs ont été reprises par une partie de la presse internationale, qui les a accréditées en en attribuant inexactement la paternité au JDD. Nous avons cherché à identifier et comprendre l'origine de ce dysfonctionnement.

Le 21 mars 2010, le Directeur Général des opérations de la société Newsweb, filiale de Lagardère Active et prestataire de services du JDD.fr, a reconnu qu'un de ses collaborateurs non journaliste était l'auteur du blog. La démission de l'un et de l'autre ont été acceptées.

Le JDD étudie toutes les suites à donner à cette affaire, afin d'obtenir réparation du préjudice causé à sa crédibilité et à celle de tous ses journalistes. Nous exprimons nos regrets au couple présidentiel et présentons nos excuses à nos internautes."


- 2 avril 2010: La société éditrice du Journal du dimanche (JDD), porte plainte.

L’avocat du JDD a déposé plainte contre X pour "introduction frauduleuses de données dans un système informatique". (rue89.com)

Le blog, dit la plainte, a été posté "en fraude des procédures habituelles, ce qui affecte la crédibilité de la société et lui cause un préjudice important de réputation". L’enquête préliminaire «sera menée par la police judiciaire», selon les services du procureur de la République Jean-Claude Marin.

Selon le nouvelobs.com, le président Sarkozy aurait incité le JDD à porter plainte pour permettre l'ouverture d'une enquête préliminaire et des investigations policières.

Pour sa part, Benjamin Biolay fait savoir qu'il attaquera les médias qui auraient relayé ces "rumeurs stupéfiantes", rapporte Le Parisien. Parmi les contenus visés, selon le quotidien, une revue de presse de France 24.

Références

- Des hackers de la police sur la piste de la rumeur, Le Monde, 3 avril 2010

- Rumeur sur le couple Sarkozy: plainte du JDD?, lepost.fr, 3 avril 2010

- Rumeur sur le couple Sarkozy : poussé par l’Elysée, le JDD porte plainte, nouvelobs.com, 3 avril 2010

- Rumeurs sur le couple Sarkozy-Bruni: le JDD porte plainte, Libération, 3 avril 2010

- Rumeur sur le couple Sarkozy : poussé par l'Elysée, le JDD porte plainte, rue89.com, 2 avril 2009

- Nicolas Sarkozy et Carla Bruni : Suite aux rumeurs à leur sujet... les têtes tombent ! Deux de chute..., Purepeople.com, 26 mars 2010

- Biolay-Bruni : 140 signes sur Twitter qui pourraient coûter cher à leurs auteurs, streetpress.com, 8 mars 2010

- Carla Bruni avec Benjamin Biolay – Nicolas Sarkozy avec Chantal Jouanno ??, suchablog.com, 8 mars 2010

- Jouanno: "Twitter a fait beaucoup de mal à cette campagne", lepost.fr, 22 mars 2010

jeudi 25 mars 2010

L'affaire Zemmour

«Les Français issus de l'immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes… C'est un fait», Eric Zemmour, Canal+

Le CSA a sanctionné Canal+ en lui adressant une mise en demeure pour ces propos alors que la Licra a annoncé qu'elle comptait poursuivre en justice le journaliste. La Licra a porté plainte contre Eric Zemmour.

Par ailleurs, Eric Zemmour a appris qu'il aurait un entretien préalable à un licenciement lundi 29 mars 2010 au Figaro. Etienne Mougeotte, directeur de la rédaction du quotidien, a expliqué que cette convocation était liée à ses propos sur Canal +.

Philippe Bilger, avocat général à la cour d'appel de Paris, a rédigé une note sur son blog pour défendre Eric Zemmour. Il a depuis été convoqué à la Chancellerie.

Rue89 a cherché à savoir si des chiffres existaient pour valider ou non les propos du journaliste du Figaro. les statistiques ethniques sont interdites en France, mais des chiffres sur ce sujet ultra-sensible existent

Références

- Affaire Zemmour : Bilger convoqué par le procureur général, Le Monde, 25 mars 2010

- "Le Figaro" annule l'entretien préalable au licenciement d'Eric Zemmour, Le Monde, 25 mars 2010

- On ne voit que ce qu'on regarde, Maitre Eolas, 25 mars 2010

- Zemmour a-t-il le droit d'avoir tort ? , Martin Vidberg, 25 mars 2010

- "Le Figaro" ne devrait pas licencier Eric Zemmour, Le Monde, 24 mars 2010

- Eric Zemmour pouvait-il avoir raison ?, slate.fr, 24 mars 2010

- Eric Zemmour: ne l'abattons pas, débattons (Titiou Lecoq), slate.fr, 24 mars 2010

- Il faut sauver le soldat Zemmour, rue89, 24 mars 2010

- Il ne fait pas bon défendre Eric Zemmour à la rédaction de Slate.fr, 24 mars 2010

- Les chroniqueurs Stéphane Guillon et Eric Zemmour, accusés de dérapage, embarrassent leurs directions, Le Monde, 24 mars 2010

- Le CSA sanctionne Canal+ après les propos de Zemmour, Le Monde, 23 mars 2010

- Zemmour viré du Figaro ? Dans ses propos, l'inconscient colonial, slate.fr, 23 mars 2010

- Noirs, Arabes et délinquance : retour sur la provoc de Zemmour, rue89, 19 mars 2010

- Criminalité: L'origine des délinquants, L'Express, 7 février 2006

- L'enquête de Fabien Jobard et René Lévy sur les contrôles au facies, Open Society Institute, 2009

- Polémique sur le fichage selon la couleur de peau, Le Figaro, 5 décembre 2008

dimanche 7 mars 2010

Alain Touraine: La fin du social

Conférences des Ernest, École normale supérieure, 13 février 2010


Alain Touraine - Sortir de la crise. Les Ernest
envoyé par les_ernest. - L'info video en direct.

Voir aussi

Penser autrement, Ce soir ou jamais, novembre 2007


CSOJ - Diviser pour mieux entreprendre ? - Alain Touraine
envoyé par PolEtTique. - L'info internationale vidéo.

France Inter, 27 juin 2008 autour de ''Si la France veut des idées...''


Alain Touraine - France Inter
envoyé par franceinter. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

samedi 6 mars 2010

Frédéric Taddéi, fan de Marc-Edouard Nabe

1992: Déjà fan


JARDIN RENIE NABE 88 - 92
envoyé par DURESOUDURE. - L'info internationale vidéo.

1999: Taddéï présente le "Journal Intime" de Nabedans l'émission de Bonaldi sur Canal + avec Alix de Saint André et Fontanel. 1999


Nabe par Taddei sur Canal +
envoyé par mugiwaraDluffy.

2006: Zidane la racaille


Marc Edouard Nabe, Zidane la racaille
envoyé par Raed. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

Janvier 2009 - Avec Benoît Poelvoorde

Le 12 janvier 2009, Marc-Édouard Nabe était l'invité de Frédéric Taddeï, à la demande de Benoît Poelvoorde.


Marc-Edouard Nabe, chez Frédéric Taddei
envoyé par zozolexxx. - Regardez les vidéos des stars du web.

2009: Marc Edouard Nabe chez Taddei sur l'Iran - PART 1


Marc Edouard Nabe chez Taddei PART 1
envoyé par ServiteurDeDieu4714. - L'info internationale vidéo.

2009: Marc Edouard Nabe chez Taddei sur l'Iran - PART 4


Marc Edouard Nabe chez Taddei PART 4
envoyé par ServiteurDeDieu4714. - L'info internationale vidéo.

Le 2 novembre 2009 Frédéric Taddéi invite Marc-Edouard Nabe à Ce soir (ou jamais !) sur le thème "il ya trente ans, Mesrine abattu".


Marc-Edouard Nabe : il ya trente ans, Mesrine abattu
envoyé par hitsohl. - L'actualité du moment en vidéo.

Que faire de Marc-Edouard Nabe ?

Voir aussi:

- Site web
- Twitter @marcedouardnabe

Nabe chez F-O Giesbert 1/2 (Février 2010)


Nabe face à Giesbert 1/2
envoyé par prince_de_conde. - L'actualité du moment en vidéo.

Nabe chez F-O Giesbert 2/2 (Février 2010)


Nabe face à Giesbert 2/2
envoyé par prince_de_conde. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

2006 - Eric Naulleau défend l'écrivain Marc-Edouard Nabe

Extrait de l'émission "Ca balance à Paris" diffusée sur Paris Première le 19 octobre 2006. Autour de Laurent Ruquier, Mazarine Pingeot et Pierre Lescure, Eric Naulleau défend l'écrivain Marc-Edouard Nabe.


Eric Naulleau défend Marc-Edouard Nabe
envoyé par prince_de_conde. - L'actualité du moment en vidéo.

Apostrophes 85 - Marc-Édouard Nabe 1/2

A la sortie de l'émission, Georges-Marc Benhamou le frappera.


Apostrophes 85 - Marc-Édouard Nabe 1/2
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Apostrophes 85 - Marc-Édouard Nabe 2/2


Apostrophes 85 - Marc-Édouard Nabe 2/2
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Marc-Edouard Nabe - Apostrophes 08.01.1988 - Marc Edouard NABE parle de son roman "Le bonheur"


Marc-Edouard Nabe - Apostrophes 2
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1998 - Paris Première. Rive Droite Rive Gauche. Thierry Ardisson reçoit Marc-Edouard Nabe pour son Roman "Je suis mort" (Gallimard).


Nabe et Ardisson en 1998
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1998: MEN avec le Pr Choron


Marc-Edouard Nabe et le professeur Choron
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Avril 1995: Avec Jacky Berroyer sur Canal, à propos de "Lucette"


Nabe chez Berroyer en 1995
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2003: Sur le 11 septembre et l'Irak - Chez Ardisson (Tout le monde en parle) avec Frédéric Beigbeder (2003)


TOUT LE MONDE EN PARLE: MARC EDOUARD NABE VS BEIGBEDER
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jeudi 4 mars 2010

L'historien Jacques Marseille est mort

L'économiste et historien Jacques Marseille est mort jeudi matin à 64 ans des suites d'un cancer à son domicile à Paris, annonce son entourage.

Il enseignait à l'université de Paris-I et fut l'un des inspirateurs du programme présidentiel de Nicolas Sarkozy, en 2007.


«Quand la France est au fond du trou, elle rebondit», Interview du 8 avril 2006. Recueilli par Annette LEVY-WILLARD

Pour Jacques Marseille, professeur à la Sorbonne et historien des crises françaises, la France a toujours oscillé entre «compromis mous» et «ruptures», n'acceptant le changement que sous la pression de «guerres civiles». A l'occasion du conflit du CPE, il dénonçait la paralysie des institutions françaises, qu'il date de la révolution de 1789...

Historien des crises françaises, quel est votre diagnostic sur les derniers événements ?

Tout ce qui se passe en ce moment est vraiment le signe que cela va «péter», pour reprendre l'expression des Français dans les sondages. Et en France, on en sort toujours par le haut. Nous sommes au fond du trou. Mais quand la France est au fond du trou, elle rebondit.

Ces jeunes qui manifestent contre la précarité manifestent contre un symbole, l'étincelle qui fait exploser la guerre civile, comme toujours dans notre histoire. Faire passer le CPE dans une loi, de façon très autoritaire, a allumé l'étincelle.

On en revient toujours à ce mythe gauche-droite, Révolution française-grand capital. Même avant la Révolution, sous l'Ancien Régime, nous avons toujours détesté l'argent, l'entreprise, la richesse. Nous avons une forte tradition catholique et une forte tradition marxiste, et les deux diabolisent l'économie de marché : seuls 34 % des Français pensent que l'économie de marché et la libre entreprise sont des facteurs de progrès, contre 74 % des Chinois, 70 % des Indiens, 67 % des Britanniques... Les Français sont restés sur le mythe de l'Etat qui décide de tout : l'entreprise nationalisée, c'est merveilleux, le plan, formidable. Ce qui les rend d'ailleurs complètement schizophrènes, comme l'indique la consommation d'antidépresseurs, qui a flambé ces dix dernières années : les Français en sont les premiers consommateurs au monde.

Voilà donc un pays de grands déprimés.

Absolument. Je ne dis pas cependant que la France est dans le déclin. Car il y a une France qui fonctionne bien, des talents existent ­ mais ils partent à l'étranger ­, des entreprises sont performantes ­ mais elles font leurs profits à l'étranger. Et puis il y a une France profondément déprimée, qui rend ce pays aussi triste, aussi allergique à la réforme. Les Français sont tellement mal dans leur tête qu'il est impossible de dégager un consensus pour faire des changements. Ce pays pense que la mondialisation, c'est l'horreur absolue, et construit des lignes Maginot : il faut se protéger contre les fabricants de chaussettes chinoises, contre les prédateurs indiens... Autre mythe : la mondialisation nous ferait perdre des emplois. Faux. Les délocalisations ne représentent que 4 % des investissements français à l'extérieur. 96 % des implantations à l'étranger sont des décisions d'entreprises françaises pour conquérir les marchés extérieurs.

Ce qui nous a surtout plombés, c'est la Révolution française. Elle a conduit à une diabolisation idéologique du pays entre la gauche et la droite. Et l'obsession des révolutionnaires à établir une relation directe entre le citoyen et l'Etat fait qu'en France il n'y a pratiquement pas de syndicats. Arrêtons enfin de montrer une telle arrogance par rapport aux autres pays sous prétexte que nous avons connu la Révolution française. Les Américains ont eu leur révolution, et leur Constitution est un modèle de démocratie ­ nous, nous n'en avons pas eu moins de cinq. La Grande-Bretagne, qui est une monarchie, a connu le respect des libertés fondamentales dès 1215 avec la Grande Charte et l'habeas corpus. La Suède a expérimenté la transparence et une véritable démocratie dès le XVIIIe siècle. Alors, cessons de nous croire le phare et le génie du monde. Cela devient d'autant plus insupportable qu'aujourd'hui on en est plutôt la risée.

Et notre sacro-saint «modèle républicain» ?

Autre mythe. C'est pour cela qu'on ne parle jamais de la démocratie française. On dit la République, parce que cela ne veut rien dire.

Le «pays des droits de l'homme»?

C'est tout de même le pays qui a donné le droit de vote aux femmes vingt-cinq ans après les Turcs, qui a un très fort taux de corruption, une situation infamante de sa justice et de ses prisons. Quand un pays consacre moins d'euros à un étudiant (6 000) qu'à un collégien (7 110), à un lycéen (8 900), et 12 000 euros pour les élèves des classes préparatoires, où vont les enfants des élites, il est temps de montrer aux Français que leur prétendu modèle républicain ne produit que de l'injustice. Pour les ZEP par exemple, on donne 8 % de plus en moyens alors que les Pays-Bas en offrent 2,5 fois plus aux jeunes en difficulté. L'orientation professionnelle mène à des voies de garage, on fait de la filière professionnelle la voie de relégation de ceux qui ne sont pas capables de suivre les «bonnes» études.

L'avenir serait d'augmenter les dépenses pour la recherche, construire des équipements, encourager le développement économique, mais le gouvernement est à poil, il n'a plus de réserves. La dette aujourd'hui s'élève à 1 200 milliards d'euros et les experts de Bercy ont communiqué à Bruxelles qu'elle ne serait pas de 65,8 % du PIB, comme ils l'avaient annoncé, mais de 66,4 %. Sans commentaire dans la presse. Moi je calcule : 0,6 % du PIB en plus, cela fait combien ? 10 milliards d'euros. Soit deux fois le budget du ministère de la Justice, ou quatre fois le budget du ministère de la Culture, ou encore quatre fois le montant de l'impôt sur la fortune (ISF). L'enjeu de la guerre civile d'aujourd'hui serait d'affronter la crise. Ne plus faire croire aux Français que tout va bien, qu'on peut à la fois donner et ne pas percevoir. Mais notre classe politique n'a pas de courage.

Pourquoi nos politiques n'osent-ils jamais le changement ?

Ils sont vieux. Regardez aux Etats-Unis, Clinton fait ses huit ans, et puis il n'a plus de poids dans la vie politique américaine. Quand Blair finira son mandat on n'en parlera plus. Mais en France, prenez nos trois derniers présidents de la République : Giscard d'Estaing élu pour la première fois en 1956 : cinquante ans de vie politique. Mitterrand, cinquante ans de vie politique. Chirac n'en est qu'à quarante-trois ans, et son destin va s'arrêter l'année prochaine, ce qui est une bonne nouvelle, mais c'est hallucinant. Prenez les députés : près de 52 % sont fonctionnaires, qui retournent, sans risque, à leur corps antérieur quand ils sont battus. Dans tous les autres pays les députés doivent démissionner de la fonction publique. Pas en France. La moyenne de durée des mandats de députés français est de vingt ans ! Jospin va peut-être se représenter à 70 ans ! Comment voulez-vous que la classe politique, dont la seule ambition est de durer et dont le mandat est devenu un métier, ose le bouleversement de notre modèle et son adaptation au monde moderne ? L'esprit de la Ve République, c'est le président de la République élu au suffrage universel, qui s'adresse régulièrement au peuple par voie de référendum, et quand le peuple lui dit non, il s'en va. Cet esprit a été trahi par François Mitterrand en 1986 quand il a accepté la cohabitation.

Mitterrand aurait dû ­ comme de Gaulle ­ avoir le courage de partir au lieu de choisir l'immobilisme ?

Bien sûr. Ces cohabitations successives sont devenues le facteur d'impuissance majeure dans le monde moderne : la France s'enfonce dans le «ni-ni». Ni régime présidentiel ni régime parlementaire. Ni Etat ni entreprise. On ne sait pas très bien si l'Etat doit encore jouer un rôle économique ou non.

«Ni-ni», cela veut dire immobilisme. L'image qu'on donne de la France à l'étranger devient de plus en plus ridicule, miroir de notre Président : pathétique. On est dans une sorte de «guerre civile» depuis 1991-1992. Tous les pays ont entamé alors une véritable réforme : en Suède (1994), au Canada, en Nouvelle-Zélande, au Royaume-Uni, et même en Italie. Alors que la France s'enfonce dans l'immobilisme. Se paie les deux ans de fin de règne de François Mitterrand : tragique. 1995, l'élection de Jacques Chirac, la dissolution de 1997 : tragique. Lui aussi aurait dû partir.

Et depuis 2002, c'est la Berezina.

Le sondage publié par l'Expansion pour la prochaine présidentielle est édifiant : en additionnant les intentions de vote pour Besancenot, Arlette Laguiller, Fabius et Buffet, cela fait 18 % des voix, ajoutez les 16 % prévus pour Le Pen et les 3 % pour Villiers, et vous avez en gros 40 % de votes de Français «inutiles» parce qu'ils ne sont pas dans le jeu normal de la démocratie. Ils la polluent parce que l'extrême droite comme l'extrême gauche ne sont pas des partis de gouvernement, ils ont des programmes protestataires non applicables. Plus 20 % qui s'abstiennent. En gros, il y a 40 % de Français «utiles» dont la moitié votera pour la droite et la moitié pour la gauche. Finalement, vous gouvernez un pays avec 20 % des gens qui vous soutiennent. Vous en mécontentez 80 %, donc la rue, la crise...

Et ce que vous appelez la «guerre civile»...

Oui, une «guerre» qui oppose deux France. Et dans notre histoire, c'est la France qui incarne l'avenir qui l'emporte. Exemple, la Commune. D'un côté vous avez la France qui accepte la défaite face à la Prusse et qui s'appuie sur une paysannerie très conservatrice pour prôner un immobilisme social. De l'autre la France très minoritaire des communards. Eux ne veulent pas accepter la défaite. Ce sont des patriotes, ils veulent se battre et ils veulent un programme social. La guerre civile de la Commune débouche sur la victoire de la France archaïque. Pendant soixante-dix ans la France va décrocher ­ on passe de 15 % du commerce mondial à 3,5 %. Ce pays va être capable de construire des tranchées mais il va refuser les blindés. Face à l'Allemagne qui devient une menace, il va jouer les héritiers des versaillais, Léon Blum parle de «lâche soulagement» au lendemain des accords de Munich. Qui va réaliser le programme des communards ? Charles de Gaulle, seul, en 1940, qui dit «je refuse la défaite». La guerre civile, c'est l'incapacité à formuler des diagnostics partagés. Personne ne peut imaginer en France une coalition comme en Allemagne d'alliance de la droite et de la gauche. Dans des pays normaux, ce n'est pas l'Etat qui décide du contrat de travail, c'est la négociation entre les représentants du patronat et les syndicats.

Nous avons une productivité horaire très élevée, mais très peu de Français travaillent : 34 % des 55-64 ans alors qu'en Suède ils sont 50 à 60 %. On méprise les services ­ hôtellerie, restauration, commerce ­ alors qu'il manque 3 millions d'emplois dans ces secteurs. Mais quand le chef du gouvernement ­ et la presse ­ répète que 23 % des jeunes sont au chômage, on dit n'importe quoi : en réalité 23 % parmi les jeunes qui sont à la recherche d'un emploi n'en trouvent pas. Cela veut dire que les 77 % restants qui sont à la recherche d'un emploi en trouvent. La dernière étude du Centre d'études et de recherche sur l'emploi et les qualifications (Cereq) montre bien que, en 2001, 71 % des jeunes diplômés avaient un contrat à durée indéterminée trois ans après la fin de leurs études.

La situation n'est donc pas si mauvaise...

Je suis très optimiste. On est à la veille de grands choix. Le huitième de notre histoire après le choix de l'Etat contre les féodalités, celui de la tolérance religieuse contre le fanatisme, de l'ordre contre les privilèges, des institutions stables contre le désordre (Napoléon), le choix du marché contre le paupérisme (Napoléon III), celui de la résistance contre l'accommodement (de Gaulle), du grand large contre la nostalgie coloniale (encore de Gaulle), et le choix du courage contre l'égoïsme.

Ou la «révolution du bon sens», selon l'expression des Canadiens en 1994. En six mois ils ont eu un budget en équilibre. En Suède idem. Le bon sens, c'est qu'on ne peut pas continuer à s'endetter, qu'il est temps de se poser la question de notre système éducatif ­ par exemple supprimer le CNRS, l'ENA ­, des retraites, de choisir entre le système présidentiel et parlementaire.

Qui va avoir ce courage ? Le leader qui émerge n'est pas toujours celui auquel on s'attend : Henri IV n'était pas le plus probable, Louis XIV était un gamin, Napoléon un Corse moricaud, Louis Napoléon III considéré comme un crétin et de Gaulle comme un hurluberlu.

Spécialiste de l'histoire contemporaine, Jacques Marseille est un habitué des sujets qui font polémique. Après Empire colonial et capitalisme français, Histoire d'un divorce (Albin Michel, 1984), il interpelle ses concitoyens avec La France qui travaille trop. Eloge du jeune rentier (Albin Michel, 1989) et Lettre ouverte aux Français qui s'usent en travaillant et qui pourraient s'enrichir en dormant (Albin Michel 1992).

Son dernier livre, Du bon usage de la guerre civile en France (Editions Perrin) tombe comme un pavé au milieu des manifestations contre le CPE.

vendredi 26 février 2010

Le retour de la commission Attali

Pierre Weill reçoit dans le 6h30/10h de France Inter, Jacques Attali, Président de Planet Finance et président de la Commission pour la Libération de la croissance française (08h20 - 26 Février 2010).


Jacques Attali - France Inter
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jeudi 25 février 2010

Désindustrialisation

Références

- L'industrie française victime du colbertisme, par Nicolas Baverez. Le Point, 25 février 2010

Alain Touraine: vers la sortie de crise? aux Ernest

Sur Libération

Cette conférence a été donnée à Paris le 13 février 2010, dans le cadre des conférences Les Ernest.

Alain Touraine, célèbre sociologue des mouvements sociaux, donne une réponse de sociologue à la question "comment sortir de la crise". Il diagnostique la mort de l'action sociale, et explore les deux possibilités qui s'offrent à nous pour sortir de l'impasse.

samedi 13 février 2010

any Cohen, Droit et surveillance de l'individu

Dany Cohen revient sur les différentes lois qui permettent aujourd'hui la surveillance des individus... Il s'interroge sur les possibles dangers pour les libertés, et pour la vie privée. Les Ernest, 19 janvier 2010.


Dany Cohen, Droit et surveillance de l'individu
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Entreprise sociale

Jean-Marc Borello est le président du Groupe SOS, une association multiforme, qui aide les défavorisés, tout en étant rentable et employant des milliers de salariés. Il revient sur l'histoire étonnante de ce groupe! Les Ernest, 19 janvier 2010.


Jean-Marc Borello, Entreprise sociale, association privée
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Le SMIC : la meilleure arme anti-crise ?

Philippe Askénazy, spécialiste de l'économie du travail, fait une hypothèse engagée et à contre-courant... Et si le modèle social français était le mieux adapté à nos économies tertiaires mondialisées? Et si les modèles anglo-saxons choisissaient de converger vers notre modèle et non l'inverse? Les Ernest, 18 janvier 2010.


Philippe Askénazy, Le SMIC : la meilleure arme anti-crise
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L'hôpital est-il une entreprise ?

Guy Vallancien nous montre à quel point les immenses progrès technologiques à venir vont changer le monde médical, à quel point une refonte complète de notre système de santé sera nécessaire pour s'adapter. les-ernest.fr, 19 janvier 2010


Guy Vallancien, De l'artisanat médical à l'industrie du soin
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Après Copenhague

Jean Jouzel, membre du GIEC, co-prix Nobel de la Paix 2007, nous rappelle quelques faits saillants sur les conséquences futures du réchauffement climatique.
http://www.les-ernest.fr


Jean Jouzel, Copenhague, et alors ? Les ERNEST
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Comment le peuple juif fut inventé

Shlomo Sand revient sur la polémique qu'il a soulevée avec son ouvrage "Comment le peuple juif fut inventé" et raconte la genèse de cette oeuvre. http://www.les-ernest.fr, 22 décembre 2009


Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé? Les ERNEST
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Pour en finir la société de défiance

Yann Algan, prix du jeune économiste 2008, décrit comment la confiance (entre les individus d'une société ou entre ces individus et l'Etat) influe sur les résultats économique d'un pays (emploi, croissance...), mais aussi sur l'aptitude au bonheur de ses citoyens. Les Ernest, 5 janvier 2010


Yann Algan, Construire une société de confiance. Les ERNEST
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Vers la fin du cours magistral

Richard-Emmanuel Eastes nous montre que la science doit être diffusées par d'autres moyens que le cours magistral. Les Ernest, 9 février 2010


Richard-Emmanuel Eastes - Médiation scientifique. Les ERNEST
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L'avenir du pétrole

Martin Luling, directeur de recherche chez Shlumberger, nous montre qu'à présent, les pétroliers n'ont plus d'excuse pour produire du pétrole salement : ils ont inventé des technologies moins polluantes. Les Ernest


Martin G. Luling - L'avenir du pétrole. Les ERNEST
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L'immigration en France de 1800 à nos jours

Pascal Blanchard, historien de l'immigration et de l'Afrique contemporaine, dresse une fresque de l'immigration en France de 1800 à nos jours, pour remettre en perspective les notions d'identité nationale, et d'étranger en France. http://www.les-ernest.fr


Pascal Blanchard, les immigrés français. Les ERNEST
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Paydoyer pour le libéralisme

Le libéralisme est à notre époque accusé de tous les maux : délocalisations, chomage, émeutes de la faim. Monique Canto-Sperber, philosophe et directrice de l'Ecole Normale Supérieure, revient sur l'histoire d'un concept avant tout politique, et prend le contre-pied de ces préjugés. http://www.les-ernest.fr 29 décembre 2009


Monique Canto-Sperber, Précis de libéralisme. Les ERNEST
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vendredi 12 février 2010

Autour de Joseph Stiglitz

Nicolas Demorand reçoit dans le 6h30/10h de France Inter, Joseph Stiglitz, prix nobel d'économie (08h20 - 12 Février 2010).

Partie 1


Joseph Stiglitz - France Inter
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Partie 2


Joseph Stiglitz - France Inter
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mercredi 10 février 2010

Autour du complot

Les thèmes complotistes

- Etat profond
- Minorité agissante
- Causes cachées 

Questions 

- Le complot est il un élément de la pensée populaire et de la culture populaire ?
- La sécularisation de superstitions religieuses
- Culture populaire et superstitions, les grandes peurs 

Références 

- «Comprendre la mécanique des théories du complot», Lucille Pestre, liberation.fr, 10 féévrier 2010



mardi 26 janvier 2010

Vingt thèses pour repartir du pied gauche

Article de Jacques Julliard, paru dans "Libération" le 18 janvier 2010.

Par JACQUES JULLIARD Historien, journaliste

Liste courte

1. Nous vivons un nouvel âge du capitalisme.
2. Ainsi le nouveau capitalisme a choisi de ressusciter son pouvoir de classe dans sa nudité.
3. C’est à la faveur de la mondialisation de l’économie qu’un grand coup de force intellectuel et social a pu être exécuté sans coup férir.
4. La déréglementation de la production, des marchés et des services, dont Ronald Reagan, Margaret Thatcher et George W. Bush ont été les agents les plus actifs, n’a pas tardé à produire ses effets néfastes.
5. Dans les grands pays industriels, la financiarisation de l’économie s’est accompagnée d’une désindustrialisation délibérée et de la destruction d’emplois par millions.
6. Le néocapitalisme a retrouvé ses instincts prédateurs longtemps endormis dans la recherche de la paix sociale.
7. Privés de toute perspective d’avenir, de tout projet positif, les syndicats se sont repliés sur une posture purement défensive de préservation de l’emploi et des rémunérations.
8. L’Europe, qui, à cause des positions de ses deux nations de tête, l’Allemagne et la France, aurait dû jouer un rôle de contrepoids aux tendances hyperlibérales du capitalisme anglo-saxon, a failli complètement.
9. A l’échelon politique national, la deuxième gauche, qui s’était donné pour mission la modernisation économique et culturelle de la France, grâce à la participation de la société civile à la décision politique, représente une voie désormais dépassée.
10. Le risque actuel, c’est un nouveau populisme.
11. Les droits de l’homme ne sont pas une politique. Ils sont un problème ; non une solution.
12. L’écologie n’est pas une politique.
13. La révolution n’est pas une politique.
14. Pour autant, l’antisarkozysme ne saurait être une solution.
15. L’alliance exclusive avec le centre ne saurait être une solution.
16. Pour les mêmes raisons, la gauche ne saurait être représentée, lors de l’élection présidentielle, par un représentant de l’establishment financier.
17. L’avenir est à un grand rassemblement populaire, ouvert à toutes les forces hostiles au néocapitalisme, du centrisme à l’extrême gauche.
18. Le facteur déclenchant pourrait être la constitution d’un bloc syndical, doté d’un programme d’urgence, dont la CGT et la CFDT doivent prendre l’initiative.
19. Le premier objectif du rassemblement populaire doit être la maîtrise du crédit, au moyen de la nationalisation, au moins partielle, du système bancaire.
20. La destruction de toute forme de planification indicative et de toute politique industrielle, en un mot de toute espèce de régulation, est l’une des causes principales des dérives que nous connaissons aujourd’hui.

Liste développée

1. Nous vivons un nouvel âge du capitalisme. Après l’ère des managers, voici venue celle des actionnaires. Les détenteurs du capital, longtemps silencieux, ont mis au pas les gestionnaires, qui s’appuyaient sur leur expertise technique. Les seconds pouvaient avoir le sens de l’intérêt général ; ils s’accommodaient de certaines formes de régulation et négociaient avec les syndicats la répartition de la plus-value. Les actionnaires, au contraire, se désintéressent de l’objet même de leur investissement ; ils réclament des profits immédiats et énormes, jusqu’à 15% du capital investi. C’est pourquoi ce nouveau capitalisme consacre le triomphe de l’hyperlibéralisme. Il est de nature essentiellement financière et bancaire, le plus souvent déconnecté de l’économie réelle. Il est donc avant tout spéculatif. Il est à l’origine de la crise mondiale que nous traversons.

2. Ainsi le nouveau capitalisme a choisi de ressusciter son pouvoir de classe dans sa nudité. Il s’est installé à la faveur de l’effondrement des régimes communistes. Sans concurrence ni contestation, il a pu imposer ses exigences sans en craindre des conséquences politiques et sociales. Il a multiplié les licenciements spéculatifs, les délocalisations, sans redouter les réactions exclusivement défensives de la classe ouvrière. Il a éliminé toute concertation globale, tant avec l’Etat qu’avec les syndicats. Dans le domaine bancaire, il s’est lancé dans une fuite en avant sans précédent, multipliant les spéculations risquées et inventant des produits financiers dérivés sans contrepartie économique réelle. Sans égard pour les situations sociales souvent dramatiques qu’il suscitait, il a fait sauter le vernis de civilisation qui, depuis la Seconde Guerre mondiale, recouvrait le capitalisme évolué.

3. C’est à la faveur de la mondialisation de l’économie qu’un grand coup de force intellectuel et social a pu être exécuté sans coup férir. Le capitalisme financier a su tirer parti de l’ouverture des marchés émergents, mettre en concurrence les travailleurs à l’échelle internationale pour faire pression sur les salaires. Il s’est imposé comme la seule hyperpuissance à l’échelle planétaire, au détriment des Etats.

4. La déréglementation de la production, des marchés et des services, dont Ronald Reagan, Margaret Thatcher et George W. Bush ont été les agents les plus actifs, n’a pas tardé à produire ses effets néfastes, rendus visibles par la crise financière commencée en 2008. En dépit des vœux de l’opinion publique, des experts et d’une partie de la classe politique, le néocapitalisme continue de s’opposer victorieusement à tout retour de la réglementation. Les G7, G8, G20 en ont été pour leur frais. Jamais la domination du secteur financier sur le secteur industriel, et du secteur économique sur le secteur politique et diplomatique, ne s’était affirmée avec une telle arrogance, malgré le discrédit des acteurs.

5. Dans les grands pays industriels, la financiarisation de l’économie s’est accompagnée d’une désindustrialisation délibérée et de la destruction d’emplois par millions. Désormais, le plein-emploi n’est plus recherché comme un objet de l’activité économique ; le chômage est devenu structurel ; le néocapitalisme s’est reconstitué une armée industrielle de réserve.

6. Le néocapitalisme a retrouvé ses instincts prédateurs longtemps endormis dans la recherche de la paix sociale. Les dirigeants des grandes entreprises partagent désormais la mentalité des actionnaires. Il s’agit pour eux de se vendre le plus cher possible et d’accumuler en quelques années, parfois en quelques mois, des fortunes colossales. La rémunération des dirigeants, longtemps marginale dans le chiffre d’affaire des entreprises, est devenue un poste considérable. L’explosion des bonus, parachutes, primes, indemnités de toutes sortes a décuplé en une vingtaine d’années. Le continuum des rémunérations a fait place à une société de corps séparés et de privilèges, telle qu’elle existait en France à la fin de l’Ancien Régime.

7. Privés de toute perspective d’avenir, de tout projet positif, les syndicats se sont repliés sur une posture purement défensive de préservation de l’emploi et des rémunérations. Les grandes entreprises ont éliminé toute concertation globale et, dans le meilleur des cas, regardent les syndicats comme des auxiliaires utiles dans le maintien de l’ordre social. En perte de vitesse auprès de leurs adhérents, ceux-ci se trouvent marginalisés dans le nouvel ordre économique. Nous vivons un véritable réensauvagement des rapports sociaux.

8. L’Europe, qui, à cause des positions de ses deux nations de tête, l’Allemagne et la France, aurait dû jouer un rôle de contrepoids aux tendances hyperlibérales du capitalisme anglo-saxon, a failli complètement, au chapitre économique comme au chapitre politique. Conduite par des politiciens médiocres et sans vision, elle s’est faite l’instrument docile des tendances les plus dérégulatrices du capitalisme international. Cette véritable forfaiture explique le discrédit qui la frappe dans les classes populaires de tous les pays membres.

9. A l’échelon politique national, la deuxième gauche, qui s’était donné pour mission la modernisation économique et culturelle de la France, grâce à la participation de la société civile à la décision politique, représente une voie désormais dépassée. Elle reposait sur la notion de compromis social, c’est-à-dire la négociation entre les principaux partenaires économiques. Cette voie contractuelle a été délibérément bafouée par le néocapitalisme qui, assuré de la victoire, a préféré l’affrontement. C’est la fin de l’idéal d’une société policée, soucieuse d’affermir le lien social. Quelques-uns des membres les plus éminents de la deuxième gauche se sont fait les auxiliaires du pouvoir sarkozien : c’est dire l’étendue de leur renoncement et de leur faillite.

10. Le risque actuel, c’est un nouveau populisme. Le prolongement de la crise, désormais probable, notamment sous la forme du chômage, crée un trouble politique profond. A la différence de celle de 1929, où la faillite du libéralisme conduisait la droite à envisager des solutions fascistes et la gauche des solutions communistes, le monde politique est aujourd’hui muet. Il en va de même des intellectuels chez qui les droits de l’homme et l’écologie constituent des religions substitutives de salut. L’absence de solution politique favorise le développement de dérives psychologiques : l’envie, la haine de l’autre, le culte du chef, la recherche du bouc émissaire, le culte de l’opinion publique à l’état brut représentent autant de succédanés au vide politique béant de la période.

11. Les droits de l’homme ne sont pas une politique. Ils sont un problème ; non une solution. Ils sont une exigence nouvelle de la conscience internationale ; mais ils tardent à se concrétiser dans un mouvement politique cohérent. D’autant plus que l’alliance traditionnelle entre le libéralisme économique et le libéralisme politique est en train de se déliter. La Chine donne l’exemple inédit d’un grand marché libéral gouverné par une dictature politique intransigeante. La bataille pour les droits de l’homme est de tous les instants ; mais elle a besoin de s’inventer dans une politique internationale nouvelle.

12. L’écologie n’est pas une politique. Pour le système industriel, la défense de l’environnement n’est pas à l’échelle macroéconomique une solution à la crise et au chômage, mais une contrainte supplémentaire. Pas plus que l’informatique hier, elle ne saurait répondre aux problèmes posés par la financiarisation de l’économie et l’absence de régulation à l’échelle internationale. Elle tend à rendre plus coûteuse et plus difficile la relance économique nécessaire pour donner du pain et du travail aux habitants de la planète. L’écologie demeure bien entendu une préoccupation nécessaire ; une ardente obligation économique et sociale, non le prétexte à des opérations politiciennes.

13. La révolution n’est pas une politique. Aussi longtemps que le socialisme centralisé n’aura pas apporté la preuve qu’il pouvait changer le modèle de développement sans attenter aux libertés civiques, il restera inacceptable, et du reste inaccepté par les citoyens. Le piétinement des partis révolutionnaires, incapables de trouver une base de masse dans les milieux populaires, en fait l’expression de la mauvaise conscience, voire de la conscience mystifiée des nouvelles classes moyennes. Ils sont l’une des formes principales, insuffisamment soulignées, de la démobilisation de l’électorat de gauche. Face au néocapitalisme, le gauchisme ancien n’a strictement rien à dire.

14. Pour autant, l’antisarkozysme ne saurait être une solution. Le sarkozysme est un étrange corps mou et caoutchouteux. Elu sur une campagne hyperlibérale, Nicolas Sarkozy s’est retrouvé sur des positions dirigistes deux ans plus tard. Favorable à un rapprochement avec l’Angleterre, il a fini comme ses prédécesseurs par privilégier l’alliance avec l’Allemagne. «Américain» au temps de George W. Bush, il a fini par incarner les velléités de résistance européenne à l’hégémonie américaine. Son évolution actuelle, qui n’est pas sans rappeler le bonapartisme de Napoléon III, en fait une silhouette mouvante et une cible illusoire.

15. L’alliance exclusive avec le centre ne saurait être une solution. Le programme d’un regroupement centriste ne serait guère différent des pratiques politiques de Nicolas Sarkozy depuis le déclenchement de la crise économique : ce serait celui de l’aile éclairée du néocapitalisme, sans influence sur le cours des événements. Sa base sociale se révélerait vite des plus étroites. Sa cohérence ne résisterait pas à l’exercice du pouvoir. Pour autant, l’évolution d’une grande partie de l’électorat centriste doit être prise en compte. Pour des raisons politiques, sociales, mais aussi culturelles, il est en train de se détacher du principe jusqu’ici immuable de l’alliance à droite.

16. Pour les mêmes raisons, la gauche ne saurait être représentée, lors de l’élection présidentielle, par un représentant de l’establishment financier. L’élection d’un tel candidat, incapable d’établir un rapport de forces avec les représentants du milieu dont il serait issu, conduirait aux mêmes impasses et aux mêmes désillusions que l’alliance centriste. Le candidat de la gauche doit être porteur d’une solution alternative.

17. L’avenir est à un grand rassemblement populaire, ouvert à toutes les forces hostiles au néocapitalisme, du centrisme à l’extrême gauche, décidé à installer un nouveau rapport de forces au sein de la société. Au fur et à mesure que la crise développera ses effets, la nécessité d’un tel rassemblement s’imposera davantage. Elle ne pourra se réaliser uniquement à partir de combinaisons d’appareils ; c’est la société qui doit l’imposer à ceux-ci. La nature de ce rassemblement sera évidemment d’essence réformiste et se pensera au sein de l’économie de marché. L’avenir est à une social-démocratie de combat.

18. Le facteur déclenchant pourrait être la constitution d’un bloc syndical, doté d’un programme d’urgence, dont la CGT et la CFDT doivent prendre l’initiative. Les clivages syndicaux actuels sont des héritages de la guerre froide, que seule la tendance des appareils à se reproduire à l’identique continue d’imposer. A défaut d’une unité organique qui est l’objectif à moyen terme, un pacte d’unité d’action s’impose. Il ne devrait pas se limiter à des objectifs purement défensifs, mais ambitionner, comme à la Libération, une réforme en profondeur des structures financières et économiques du pays. Ce nouveau bloc devra envisager la coordination de son action à l’échelle internationale, et d’abord européenne.

19. Le premier objectif du rassemblement populaire doit être la maîtrise du crédit, au moyen de la nationalisation, au moins partielle, du système bancaire, qui est à la source de la crise actuelle. Telles qu’elles fonctionnent actuellement, la plupart des banques ont déserté leur mission essentielle, à savoir la collecte des capitaux au service de l’expansion économique, au profit d’activités purement spéculatives et nuisibles. Le but de la nationalisation est de ramener le système bancaire à sa fonction productive.

20. La destruction de toute forme de planification indicative et de toute politique industrielle, en un mot de toute espèce de régulation, est l’une des causes principales des dérives que nous connaissons aujourd’hui. La nécessité de rétablir une régulation économique respectueuse du marché est aujourd’hui comprise de tous. Seuls manquent pour le moment la volonté politique et les moyens de l’exercer. Il appartient à un rassemblement démocratique de les faire apparaître.

Quelle gauche d’après la crise ?

Références

- Quelle gauche d’après la crise ?, France-Culture, 26 janvier 2010. avec Jacques Julliard, Editorialiste au "Nouvel Observateur"; Marc Crapez, Politologue et Chercheur en sciences politiques à Paris X, Frédéric Sawicki. Professeur de sciences politiques à l’Université Paris I

- Marc Crapez. Un besoin de certitudes: anatomie des crises actuelles. Michalon - 28 janvier 2010

- "Vingt thèses pour repartir du pied gauche". Article de Jacques Julliard, paru dans "Libération" le 18 janvier 2010.

lundi 25 janvier 2010

Faut-il une politique de maîtrise des flux migratoires ?

Références

- Cette France - là, celle du Ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale. La suite dans les idées, invité: Michel Feher, philosophe, France-Culture, 19 décembre 2009

- Association Cette France-là. Cette France-là. La Découverte - 4 mars 2009

- Dirigé par Didier Fassin, Eric Fassin, Stéphane Beaud, Michel Feher...
De la question sociale à la question raciale?: représenter la société française
La Découverte - 26 octobre 2006

- Vacarme: Politique non gouvernementale n° 34, janvier 2006. Collectif dirigé par Michel Feher

samedi 23 janvier 2010

De la démocratie

Ouvrages

- Pourquoi nous n'aimons pas la démocratie ? Myriam Revault d'Allonnes. Seuil - 11 février 2010

4e de couverture : On se souvient de la formule de Churchill: « La démocratie est le pire des régimes, à l’exception de tous les autres. » À l’évidence,nous n’« aimons » pas la démocratie. Et pourtant nous sommes tous démocrates… Étrange procès en désamour que celui-là, dont la virulence égale l’ancienneté : toute petite déjà, à Athènes, la démocratie ne manquait pas de détracteurs. Myriam Revault d’Allonnes s’interroge, non pas sur les critiques ou les sarcasmes dont la démocratie est l’objet, mais sur la nature de l’expérience démocratique, travaillée par l’incertitude, le conflit, l’inachèvement, inextricablement liée à ce qui s’oppose à elle et la menace. Comment l’homme démocratique,confronté à cette existence toujours problématique, ne serait-il pas en proie à l’insatisfaction et à la déception permanentes ? Cependant, si nous n’« aimons » pas la démocratie, pouvons-nous ne pas la vouloir ? Car c’est bien l’expérience démocratique qui fait de nous des sujets éthiques et politiques,
des citoyens qui ne veulent pas être ainsi gouvernés : « pas comme ça, pas pour ça, pas par eux ».

vendredi 22 janvier 2010

La carte d'identité

Références

- “Vous êtes Français ? Prouvez-le !”, veilleur de jour, 22 janvier 2010. http://veilleur.blog.lemonde.fr/2010/01/22/vous-etes-francais-prouvez-le/